Paul Aubrin
2024-06-18 07:11:33 UTC
Analyse indépendante des résultats de la première campagne de
vaccination des nourrissons avec Beyfortus® (Nirsevimab, anticorps
monoclonal contre le VRS, virus de la bronchiolite) : Résultats mitigés,
identification des biais et rôle et mécanismes possibles de l'EIM
(anticorps monoclonal contre le VRS, virus de la bronchiolite).
https://www.preprints.org/manuscript/202406.0714/v1
Les infections respiratoires à VRS représentent ¼ des admissions à
l'hôpital pour des infections respiratoires aiguës. Le nirsevimab a été
développé pour réduire la charge hospitalière de ces infections : Ayant
une longue durée de vie grâce à sa forte affinité pour le FcRn
(récepteur néonatal du fragment Fc des IgG), il ne nécessite qu'une
seule injection et peut être administré à tous les enfants de moins de 2
ans, contrairement au palivizumab qui est réservé aux enfants à risque
et nécessite plusieurs injections. Sous réserve d'un nombre important ou
inconnu de sujets traités exclus, tant dans les essais cliniques que
dans les études d'observation post-commercialisation, le nirsevimab
s'est avéré très efficace pour réduire les taux d'hospitalisation pour
les infections à VRS. Dans de rares cas, cependant, les infections à VRS
ont été plus graves dans le groupe traité que dans le groupe placebo.
La campagne de vaccination 2023-2024 a concerné 4 pays (États-Unis,
France, Espagne, Luxembourg). L'analyse des résultats de la campagne de
vaccination 2023 ne permet pas de conclure sur l'efficacité du
nirsevimab aux USA (couverture trop faible autour de 20%) ; dans les 3
autres pays la couverture est ≥ 80%. Ni les essais cliniques ni les
études observationnelles ne mettent en évidence une réduction des
hospitalisations toutes causes confondues dans le groupe d'âge vacciné
au cours de cette même saison par rapport aux saisons précédentes. Le
taux d'hospitalisation pour VRS dans la tranche d'âge traitée est
significativement réduit par rapport aux saisons précédentes en France,
en Espagne et au Luxembourg, mais des biais (exclusion d'un nombre
important ou inconnu de sujets, et changement des critères diagnostiques
en France) peuvent modérer cette réduction. En France, il existe un
signal significatif d'augmentation des décès de nouveau-nés entre 2 et 6
jours d'âge lors de la campagne de vaccination 2023-2024.
Ce signal pourrait être attribuable à l'ADE
(antibody-dependent-enhancement). L'ADE a été observé avec des anticorps
anti-protéine F du VRS lors d'essais de vaccins inactivés. Le risque
théorique d'EAD avec un anticorps anti-protéine F du VRS tel que le
nirsevimab a été éliminé par l'EMA à la suite d'essais cliniques.
L'évaluation in vitro des fonctions effectrices du nirsevimab sur les
FcγR (récepteurs cellulaires IgG Fc) et les propriétés des FcRn ne
permet pas d'exclure la possibilité d'un effet indésirable. Ce risque a
été évalué de manière incomplète dans les essais précliniques in vivo.
Dans les essais cliniques, les études pharmacocinétiques montrent la
possibilité, chez de rares individus, de taux circulants
sous-neutralisants de nirsevimab dans le sang et la muqueuse pulmonaire,
dans les jours suivant l'injection et à plus longue distance. Ceci
pourrait expliquer les rares cas d'aggravation d'infections à VRS chez
les sujets traités. L'effet indésirable par perturbation du système
immunitaire n'a pas été étudié et pourrait expliquer pourquoi le taux
d'hospitalisation toutes causes confondues n'a pas diminué dans les
groupes d'âge traités : les AcM sont en effet capables de favoriser les
infections en se liant aux FcRn. Compte tenu du prix élevé du
nirsevimab, le rapport coût-efficacité des campagnes de vaccination de
masse peut donc être débattu d'un point de vue économique et scientifique.
vaccination des nourrissons avec Beyfortus® (Nirsevimab, anticorps
monoclonal contre le VRS, virus de la bronchiolite) : Résultats mitigés,
identification des biais et rôle et mécanismes possibles de l'EIM
(anticorps monoclonal contre le VRS, virus de la bronchiolite).
https://www.preprints.org/manuscript/202406.0714/v1
Les infections respiratoires à VRS représentent ¼ des admissions à
l'hôpital pour des infections respiratoires aiguës. Le nirsevimab a été
développé pour réduire la charge hospitalière de ces infections : Ayant
une longue durée de vie grâce à sa forte affinité pour le FcRn
(récepteur néonatal du fragment Fc des IgG), il ne nécessite qu'une
seule injection et peut être administré à tous les enfants de moins de 2
ans, contrairement au palivizumab qui est réservé aux enfants à risque
et nécessite plusieurs injections. Sous réserve d'un nombre important ou
inconnu de sujets traités exclus, tant dans les essais cliniques que
dans les études d'observation post-commercialisation, le nirsevimab
s'est avéré très efficace pour réduire les taux d'hospitalisation pour
les infections à VRS. Dans de rares cas, cependant, les infections à VRS
ont été plus graves dans le groupe traité que dans le groupe placebo.
La campagne de vaccination 2023-2024 a concerné 4 pays (États-Unis,
France, Espagne, Luxembourg). L'analyse des résultats de la campagne de
vaccination 2023 ne permet pas de conclure sur l'efficacité du
nirsevimab aux USA (couverture trop faible autour de 20%) ; dans les 3
autres pays la couverture est ≥ 80%. Ni les essais cliniques ni les
études observationnelles ne mettent en évidence une réduction des
hospitalisations toutes causes confondues dans le groupe d'âge vacciné
au cours de cette même saison par rapport aux saisons précédentes. Le
taux d'hospitalisation pour VRS dans la tranche d'âge traitée est
significativement réduit par rapport aux saisons précédentes en France,
en Espagne et au Luxembourg, mais des biais (exclusion d'un nombre
important ou inconnu de sujets, et changement des critères diagnostiques
en France) peuvent modérer cette réduction. En France, il existe un
signal significatif d'augmentation des décès de nouveau-nés entre 2 et 6
jours d'âge lors de la campagne de vaccination 2023-2024.
Ce signal pourrait être attribuable à l'ADE
(antibody-dependent-enhancement). L'ADE a été observé avec des anticorps
anti-protéine F du VRS lors d'essais de vaccins inactivés. Le risque
théorique d'EAD avec un anticorps anti-protéine F du VRS tel que le
nirsevimab a été éliminé par l'EMA à la suite d'essais cliniques.
L'évaluation in vitro des fonctions effectrices du nirsevimab sur les
FcγR (récepteurs cellulaires IgG Fc) et les propriétés des FcRn ne
permet pas d'exclure la possibilité d'un effet indésirable. Ce risque a
été évalué de manière incomplète dans les essais précliniques in vivo.
Dans les essais cliniques, les études pharmacocinétiques montrent la
possibilité, chez de rares individus, de taux circulants
sous-neutralisants de nirsevimab dans le sang et la muqueuse pulmonaire,
dans les jours suivant l'injection et à plus longue distance. Ceci
pourrait expliquer les rares cas d'aggravation d'infections à VRS chez
les sujets traités. L'effet indésirable par perturbation du système
immunitaire n'a pas été étudié et pourrait expliquer pourquoi le taux
d'hospitalisation toutes causes confondues n'a pas diminué dans les
groupes d'âge traités : les AcM sont en effet capables de favoriser les
infections en se liant aux FcRn. Compte tenu du prix élevé du
nirsevimab, le rapport coût-efficacité des campagnes de vaccination de
masse peut donc être débattu d'un point de vue économique et scientifique.